Vogue la galère!

Voilà un titre qui ponctue plutôt bien ces deux mois de silence blogosphérique. Il faut dire que le travail ne contribue pas franchement à décélérer... Au contraire, c'est plutôt l'accélération soudaine qui fait de nous, de moi, un simple amas de particules élémentaires livrés à leur destin cinétique. 

"Alors, comment ça se passe?" s'interroge le curieux, "suffisamment bien" lui répond le psychologue démuni.

Ainsi va la vie institutionnelle, et son petit bout de chemin déjà parcouru. Alors forcément, rien n'est parfait, ni eux, ni nous, ni moi, surtout moi... Travail, Trajet, Tout fatigué, c'est la formule 3 en 1 du shampoing de la "vie active", dit-on, pudiquement. Ceci dit, elle est préférable à 1000 autres situations. Le travail, c'est la santé. Oui, probablement, en tout cas un étayage important pour le Sujet, il n'y a qu'à constater les effets de son absence dans l'économie psychique de tout un chacun pour en déterminer la nécessité.


2 mois d'institution d'accord, mais c'est quoi l'institution?
On peut choisir la définition de René KAËS (1987) dans "Réalité psychique et souffrance dans les institutions", page 8 : 
"L’institution est l’ensemble des formes et des structures sociales instituées par la loi et par la coutume : l’institution règle nos rapports, elle nous préexiste et s’impose à nous, elle s’inscrit dans la permanence."

Ou si l'on préfère, on peut aussi se rapporter à l'image du manège de foire, peut-être plus commode. Il s'agit alors de différentes montures qui tournent et sur lesquelles il va falloir prendre place. Les montures (cheval, voiture de pompier, avion, etc.) ce sont autant de fonctions au sein du manège. Pour les occuper, il n'y a pas d'autres possibilités que de monter dessus et de faire un tour avec les autres. C'est ça, être institué. Et le miracle institutionnel, c'est justement que ça continue de tourner. Ainsi, pour cela, il suffit de se mettre à rêver ensemble, avec les différents membres, tous les gosses qui ont pris place dans le manège. On fait alors partie du jardin d'Eden ou de Freud. Pomme ou cigare, c'est selon.

Et le psychologue dans une institution..., qu'est-ce que c'est?
Souvent, c'est une place unique qui se vit donc de façon solitaire, sans appui identificatoire direct. Le psychologue écoute, dit-on. En réalité, il "accueille", parfois délie mais surtout lie, c'est-à-dire qu'il crée des liens entre ce qui s'exprime et ceux qui l'expriment. D'où ça parle? En quelque sorte.
Comme chaque sujet de l'institution, le psychologue a ses particularités, ses compétences spécifiques. Souvent, on le prend pour "l'expert", en tout cas, il est un support privilégié des projections des autres membres de l'ensemble institutionnel. La place du psychologue se situe, dans l'idéal, au croisement des fantasmes de l'équipe et de ce qui fait sa singularité dans la place à occuper.
"Faut faire du groupe!" qu'ils disent! c'est identitaire comme problème! Le médecin prescrit, l'infirmière pique et le psychologue fait du groupe! Alors on fait du groupe!
Reste que j'aime penser que la fonction de psychologue ne peut pas se confondre avec une autre, parfois plus séduisante, qui ferait croire en la contiguïté du comportement de rats de laboratoire avec celui d'êtres humains. Surtout que le comportement, ce n'est justement jamais plus qu'un effet, surement pas la cause, qu'importe la technique qui l'extrapole ou la scientificité apparente qui la légitime. Relisons Nietzsche : "Il n’y a pas d’erreur plus dangereuse que de confondre l’effet avec la cause : j’appelle cela la véritable perversion de la raison."

L'institution (sanitaire ou médico-sociale, pour ce qui nous concerne) existe pour dédouaner les citoyens d'une société. Puisqu'ils s'occupent de cela (de ceux-là), nous n'avons plus à nous en préoccuper... ça se joue ailleurs, on peut s'en détacher. Et en ce sens, un cabinet de psychologue libéral est aussi une institution, même si celui-ci se rêve parfois comme îlot de paradis dans un océan tumultueux...

Voilà donc brièvement comment se déroule le monde de l'institution... Bien sûr, il y aura d'autres chose à ajouter, au juste moment. En attendant, comme le chantait Jean-Le-Marsouin :

"Sur l'océan bondis, ô mon vaisseau! 
J'avais dix ans, du caractère, 
De ne point pleurer j'eus l'orgueil! 
File ton noeud, je m'en bats l'oeil, 
Eh! vogue la galère!"

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