Créer une électroconvulsivothérapie, ou pas

ça faisait maintenant plusieurs jours qu'il n'y avait plus aucune offre de psychologue dans toute la région. Toujours la même rengaine. J'interrogeais Soeur Anne quant à l'apparition d'annonces et elle de me répondre inlassablement : "Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie." J'allais bientôt finir la tête tranchée...

Un mauvais rêve, voilà tout. Avoir le temps ça fait gamberger. Y a comme beaucoup d'énergie libre sans destins... La pulsion, c'est comme tout, il lui faut un but. Quand on a du temps, on compte. 43 courriers, 10 réponses, 2 entretiens, 1 rendez-vous pôle-emploi. 60 secondes font 1 minute, on va bientôt changer d'heure. 79 touches sur ce clavier pour une infinité de possibilités.

ça donne à réfléchir. Ainsi, je m'étonne souvent des expressions populaires à connotation psy. Du type : "la psychose", "être schizophrène", "paranoïa ambiante", "créer un électrochoc"... La dernière étant de loin la plus étonnante. Sorties de leur contexte, elles devraient laisser un arrière-goût dans la bouche une fois prononcées. Mais pour tout dire, je ne sais plus vraiment puisque je les évite en général. En tout cas, ça sonne de façon bien étrange dans les oreilles des psychologues, même démunis.

Qu'est-ce que peut bien vouloir dire une personne qui file la métaphore de l'électrochoc?

Déjà d'un point de vue thérapeutique, la réputation du terme est plutôt mauvaise. Désormais tabou médical, il se voit substituer dans la novlangue le vocable "sismothérapie" puis plus récemment, encore un peu mieux habillé, "électroconvulsivothérapie" ramenée généralement à ECT pour que plus personne n'y comprenne rien.


Bien sûr, chacun a en tête le personnage joué par Jack Nicholson jouissant sans entrave des plaisirs de la science... 

Ce qui est d'autant plus cocasse, c'est qu'à l'origine, le procédé est expérimenté par deux psychiatres italiens, Ugo Cerletti et Lucio Bini, après observation de l'attitude des porcs une fois qu'ils y sont soumis. En effet, l'électronarcose a pour principe d'endormir les bêtes pour qu'elles soient "plus calmes"avant de mourir. Charmante réappropriation.

Mais alors, quelle brillante argumentation laisse poindre ce terme délicat? Probablement quelque chose qui se situe entre le coup de hache et la vocifération nuisible. Et pourtant, chaque semaine la presse s'empresse de le reprendre en titre. Un jour pour une émission de télévision, un autre pour un match de foot, etc. J'en passe et des pires...

Non, je crois que définitivement, il faut abandonner cette référence.


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